Par Sylvie Lotfi
Ce qu’il est convenu d’appeler moocs (massive open online courses) semble véhiculer des défis auxquels les institutions devraient faire face.
Yann Bergheaud, pour une interview vidéo de digiSchool média (2013), explique que « les établissements français ne font pas des moocs pour les mêmes raisons qu’aux États-Unis ». Outre- Atlantique, les moocs sont, d’après lui, mis en place notamment pour répondre à des critères sociaux et économiques liés à la crise de l’éducation qui sévit depuis plusieurs années. En France, en revanche, les moocs auraient davantage pour mission d’assurer un certain libre accès au savoir bien qu’ils aient aussi à répondre à des besoins massifs d’éducation dans le monde de la francophonie. Ce directeur du service e-learning de l’université Lyon 3 s’interroge sur la demande du public « y-a-t-il aujourd’hui une véritable demande des étudiants français ? » (2 :30).
Dans un billet du blog commercial formaguide.com dont la date n’est pas communiquée, Michel Diaz questionne la place des moocs comme pouvant être à la fois une forme concurrente de l’offre privée de la formation professionnelle et surtout « une source d’inspiration, pouvant déboucher sur un nouveau modèle économique de la formation ». Pour lui, il s’agit d’une opportunité qui permettrait notamment de « se concentrer sur l’analyse des compétences que les salariés doivent acquérir, la conception et la mise en œuvre de dispositifs d’évaluation souples, recevables par les entreprises comme par les salariés… Facturer ce qui a de la valeur pour eux : la certification » (Diaz, n.c. page web)
Ces cours massifs, ouverts à tous, associant technologies interactives et démocratisation du savoir, provoquent de multiples interrogations. Quels sont leurs enjeux ? Quels sont leurs usages ? À quels publics s’adressent-t-ils ? Certaines tendances se dessinent permettant d’alimenter une réflexion sur leur adaptabilité plus appropriée peut-être à la formation continue (ou tout au long de la vie) qu’à la formation initiale.
Monique Grandbastien propose une synthèse de l’ouvrage intitulé Les MOOC... Conception, usages et modèles économiques de Jean-Charles Pomerol, Yves Epelboin et Claire Thoury. Elle relève notamment que la question « de l’expression des besoins des participants actuels et potentiels, pour les perfectionnements et requalifications tout au long de la vie » n’est pas abordée (Monique Grandbastien, 2014, paragraphe 6) et ajoute qu’il y aurait sans doute à « inventer et proposer des moyens d’analyse individuelle et collective des besoins via l’ensemble des échanges sociaux associés aux MOOCs » (Grandbastien, 2014, paragraphe 6).
Les moocs semblent donc devoir remplir une fonction de diffusion du savoir à un public très large et très hétérogène notamment aux points de vue géographique et culturel. Les sociétés privées semblent s’y intéresser de plus en plus pour faire évoluer leurs formations. Des moocs conçus par elles seraient alors peut-être une réponse de plus aux besoins de formation des salariés avec des formats courts, personnalisés en adéquation avec le rythme de l’entreprise.