Par Bénédicte Militon
Si la formation à distance a connu un essor sans précédent ces dernières années, les cours en présentiel tendent aussi, avec les nouvelles technologies numériques, à évoluer pour répondre à des besoins massifs d’accueil des étudiants dans l’enseignement supérieur et de démocratisation de l’accès aux savoirs. Les trois articles présentés ci-après questionnent une part de ces enjeux.
Sylviane Bachy, dans son article « Enseigner et apprendre en ligne » (2014), s’intéresse à l’évolution des pratiques de formation. Elle explique que pour les universités les enjeux sont à la fois géographiques, politiques, économiques et pédagogiques, liés à la mutation de l’enseignement supérieur (p. 88). Aussi, pour satisfaire un nombre toujours croissant d’étudiants et répondre à l’hétérogénéité de leurs profils, de nouveaux types d’enseignements dits moins élitistes et dits basés sur la réussite d’un plus grand nombre, verraient le jour : selon l’auteure, des dispositifs hybrides ou classes inversées (p. 86) permettraient de toucher un public toujours plus large et d’offrir un plus grand choix de formations (p. 88).
C’est sans doute aussi pour répondre à des enjeux de formation à distance que les universités s’intéressent au format MOOC (Massive Open Online Courses). Stéphane Berthet, lors de son intervention au XIXe colloque du GISGUF, notait « quatre révolutions extérieures » qui auraient modifiées le paysage universitaire : le développement des TICE, un nouveau rapport entre l’enseignement supérieur et les pouvoirs publics, la globalisation et la massification des enseignements et enfin l’avènement de la société de la connaissance grâce aux nouveaux médias (1:04).
Mais penser des cursus à distance posent notamment des problèmes d’isolement. Dans son article « Les voix de la distance » (2014), Patrick Guillemet note comment l’utilisation du réseau social Facebook permet aux étudiants à distance de surmonter les difficultés liées à l’isolement. Il insiste sur l’importance des échanges socio-affectifs entre étudiants qui n’utiliseraient pas les outils institutionnels jugés peu efficaces. Ainsi, la persévérance de l’étudiant serait-elle fonction de la relation entre pairs qui, si elle n’était pas réelle, mènerait à l’abandon de la formation. Car, dit-il, « le groupe d’apprenants peut jouer un effet de levier permettant de contrer le sentiment d’isolement grâce à sa dimension communautaire, à l’entraide qui l’accompagne et à la présence dans le groupe » (repère 34).
Mais si l’enseignement se démocratise et si les savoirs sont désormais à la portée d’un plus grand nombre, il reste important de veiller et comprendre comment l’étudiant profitera des nouvelles possibilités qui s’offrent à lui en termes de formation, tout au long de sa vie.