Par Marine Malet
1987. C’est au cours de cette année que la Linus Write-Top apparaît. Premier terminal sans clavier et premier écran tactile, celle-ci avait pour fonction de transformer l’écriture manuscrite en caractère numérique. Si sa création est reconnue, par les spécialistes, comme une innovation, cet objet n’a pas rencontré de succès commercial immédiat [1]. C’est au cours des années 2000, notamment suite au lancement de l’iPad en 2010, que les tablettes numériques rencontrent un succès public assez important.
Son entrée au sein des entreprises et des foyers suscite alors un questionnement autour de la pertinence de son intégration dans l’enseignement. C’est pourquoi des expérimentations ont vu le jour dans des établissements du premier et du second degré de différentes académies afin d’observer et d’analyser les méthodes utilisées par les enseignants ainsi que les effets que l’utilisation des tablettes peut produire sur les élèves et l’organisation de la classe (Khaneboubi & Villemonteix, 2012). L’usage de ces tablettes à l’école est-il de nos jours, judicieux ou superfétatoire ? L’utilisation de tablettes numériques dans les scénarios pédagogiques de l’enseignant peut-elle favoriser les apprentissages des élèves ?
Delaune, J., Pereira, A., et Butteau C., (2013) présentent les bénéfices apportés par cet outil numérique spécifique. Il explique qu’il permet le développement des interactions et de l’autonomie des élèves et renforce l’engagement de ceux-ci dans les activités d’apprentissage. Il est également noté une « forte corrélation existant entre l’acte d’apprendre et la production de contenus » (Delaune et al., 2013). Ainsi, l’élève apprend mieux dès lors qu’il produit. Il semble néanmoins pertinent d’associer les tablettes numériques à un système de visualisation collective (tableau numérique) afin de favoriser le développement des échanges sociocognitifs qui sont également importants lors du processus d’apprentissage.
Une expérimentation réalisée dans quatre établissements de l’Académie de Créteil met elle aussi en exergue la dynamique motivationnelle suscitée par l’utilisation de la tablette. Si les enseignants interrogés reconnaissent l’aspect ludique de cet outil nomade, le caractère intuitif du tactile pourrait être un facteur accélérant l’apprentissage car « la possibilité de manipuler directement avec le doigt semble avoir une incidence sur le rapport émotionnel et cognitif de jeunes élèves à certains contenus » (Khaneboubi & Villemonteix 2012). Par ailleurs, la tablette numérique favoriserait les interactions et la collaboration entre élèves. Cependant, l’absence de formation proposée à l’enseignant ne lui permet pas d’explorer l’ensemble de ses fonctionnalités.
L’étude comparative menée en classe de maternelle par P. Caliari démontre que l’approche multisensorielle de la tablette numérique, caractérisée par un triple codage (oral, visuel et tactile / kinesthésique), favorise un meilleur apprentissage. De plus, l’association d’une information à une émotion permettrait une meilleure mémorisation et compréhension. De ce fait, le chercheur insiste sur l’importance de la dimension affective qui est « propice à augmenter l’investissement de l’élève pour la tâche et donc améliorer son apprentissage » (Caliari, 2014).
Avec 3,4 millions de tablettes numériques vendues en France en 2012 (Jaxel-Truer, 2012), ce nouvel objet numérique semble avoir su démontrer son utilité et son efficacité. De plus en plus présente au sein des établissements scolaires, celle que Michael Stora qualifie de « doudou numérique » (ibid.), présente de nombreux avantages favorisant l’apprentissage des élèves. Il faut néanmoins prendre en considération la pierre d’achoppement que constitue la formation des enseignants en matière de technologies numériques et la forte demande sur les échanges de pratiques ou des scénarios d’usage. L’autoformation, virulemment critiquée par les enseignants, ne risque-t-elle pas de donner lieu à une appropriation partielle ou erronée de cet outil numérique ?
Ressources associées
Ressources scientifiques
[1] Information trouvée sur le site : http://oldcomputers.net/linus.html