Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

Barre oblique

La photographie en tension

lundi 19 mai 2014.

Mots-clés


par Émilie Place

A partir des trois textes présentés rapidement ci-après, le lecteur pourrait s’interroger sur des questions concernant la place du visuel dans la communication avec les technologies, la place des images dans la mémoire collective, ou encore la place de la photographie dans un cadre thérapeutique. Ces divers contextes interrogent en creux la place de l’éducation aux Médias et notamment celle destinée aux images.

Carole Anne Rivière (2006) présente une recherche sur les nouvelles formes de sociabilités visuelles au quotidien. Elle s’attache, dans son article « Téléphone mobile et photographie : les nouvelles formes de sociabilités visuelles au quotidien », à montrer qu’ « avec les récents développements des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le visuel devient l’axe de développement majeur des nouveaux modes de communication interpersonnelle et fait ainsi irruption dans la vie privée des individus comme mode d’expression et de représentation d’eux-mêmes et d’accès également à la figure de l’autre. » (Rivière, 2006 , p 120) Ces nouveaux moyens de communication en images interrogent le besoin de voir, de connaître et de maîtriser en quelque sorte la temporalité en figeant l’instant, à l’instar d’une capture d’écran.

Irène Jonas (2012) se penche, quant à elle, sur « La photographie de famille au temps du numérique » Selon elle, « avec le numérique semble se profiler le rêve d’une vie photographiée en continu et d’une mémoire intégrale, incompatible avec le processus même de la mémorisation qui implique de retenir et trier pour éliminer » (Jonas, 2012, p 93). « Cet excès de mémoire familiale, ce rêve de ’tout photographier’, ces fantasmes de ’tout garder’, cette passion de ’tout stocker’ ne risqueraient-ils pas alors de conduire à une mémoire saturée ? » (Jonas, 2012, p 101) Elle pointe une dichotomie entre l’utilisation intensive de la photographie permettant la création de liens sociaux et la mémoire. Elle questionne la place du droit à l’oubli.

Entre mode d’expression interpersonnel et excès d’images, nous pouvons enfin nous appuyer sur cet article de Caroline Civalleri (2005) où l’auteure aborde la photographie comme outil de médiation thérapeutique. En effet, elle explique ici le déroulement d’un atelier photo avec des adolescents psychotiques et les effets thérapeutiques vécus. « Dans l’atelier photo, la fabrication de l’image puis l’image elle-même sont là pour offrir des canaux de circulation à la parole. Il s’agit donc non pas strictement de faire, mais d’être dans une situation dans laquelle sera créé un objet. » (Civalleri, 2005, p 57). L’accompagnement thérapeutique voire éducatif met l’accent sur la relation qui se tisse, sur le lien qui aide aux soins avec comme support-médiateur, l’image.

Les différentes argumentations présentes dans ces ressources conduisent à interroger comment, l’éducation à l’image permettrait d’aborder les arts visuels dans de multiples contextes d’apprentissages avec les TICE tout en permettant la construction de réflexions chez l’apprenant en termes de risques et d’ouvertures culturelles ?

Références

Rivière Carole Anne (2006). Téléphone mobile et photographie : les nouvelles formes de sociabilités visuelles au quotidien , in revue Sociétés 1/ 2006 (no 91) , DOI : 10.3917/soc.091.0119, p. 119-134 [En ligne], consulté le 15-03-2014

Jonas Irène (2012). La photographie de famille au temps du numérique, in revue Enfances Familles Générations, Amérique du Nord, 0, avril 2012, PDF, p 93-110, [En ligne], consulté le 15-03-2014

Civalleri Caroline (2005). La photographie : un objet de médiation thérapeutique ? , in revue Enfances & Psy 1/ 2005 (no26) , DOI : 10.3917/ep.026.0055, p. 55-66 [En ligne], consulté le 15-03-2014


 

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