Un article récent d’Hubert Guillaud paru sur le site InternetActu.net [1] décrit certaines avancées technologiques en matière d’analyse vocale : La voix, interface ultime ?
Les logiciels de reconnaissance vocale pourraient être très utiles au travail de recherche en sciences humaines puisque la matière verbale orale constitue souvent une part importante des données traitées. Mais l’expérience montre que les différentes offres logicielles n’atteignent pas nécessairement une qualité suffisante pour être utilisées sans avoir à utiliser un temps égal à celui de la transcription "manuelle" attentive : dictionnaires limités, absence de prise en charge des interactions (gestion d’une seule voix), erreurs logicielles très fréquentes en cas de parasites audios, de prises de parole simultanées, d’intonations peu marquées...
L’article nous apprend cependant que les services après-vente, en enregistrant les conversations, utilisent "des programmes d’analyse automatique de la voix pour traiter plus efficacement les réclamations des utilisateurs. Des logiciels de ce type aident à mesurer l’humeur du client en temps réel afin de proposer des options au téléopérateur pour restaurer la relation". Font suite, des descriptions quasi-publicitaires de différents dispositifs technologiques visant à mesurer les émotions des interlocuteurs qui intègreraient les différents objets de l’environnement quotidien.
L’utilisation et l’exploitation croissante des caractéristiques des voix dans les applications informatiques pose des questions en termes éducatifs : ces technologies de l’écrit s’hybrident, se rapprochant des corps du fait des interfaces tangibles. L’informatique sous-jacente s’éloigne toujours plus des consciences, évoquant la boutade de J. Jouët (1990 : 216) : "nous sommes tous des Messieurs Jourdain de l’informatique !"
Le ton de l’article d’InternetActu renvoie également au texte d’Henri Dieuzeide (1982 : 1) dans lequel il exprime son souhait de "porter témoignage de la difficulté d’être qu’éprouve le décideur, le chercheur, ou l’utilisateur de la technologie éducative, laminé qu’il est entre les marchands et les prophètes dans un domaine où l’innovateur industriel vient proposer des solutions dont il reste encore à inventer le problème".
La confrontation de ces deux articles de recherche à l’article paru le 13 novembre 2013 dans un média grand public montre que les choses n’ont pas beaucoup changé en l’espace d’une trentaine d’années. Pourrait-on pour autant anticiper et penser qu’après la vague des MOOCs, des innovations seraient liées aux applications vocales ?
Article de presse :
Guillaud, H. (2013). La voix, interface ultime ? InternetActu.net. media francophone de veille sur les TIC. Consulté le 13/11/13, de http://www.internetactu.net/2013/11/13/la-voix-interface-ultime/
Articles de recherche :
Jouët, J. (1990). L’informatique« sans le savoir », Culture Technique, (21), 215‑222. Consulté le 13/11/13, de http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/32645/C%26T_1990_21_215.pdf?sequence=1
Dieuzeide, H. (1982), « Marchands et prophètes en technologie de l’éducation », in Actes du colloque : Les formes médiatisées de la communication éducative (09-11.11.1982), École normale supérieure de Saint-Cloud, pp. 78-82. Consulté le 13/11/13, de http://hal.inria.fr/docs/00/02/92/61/PDF/dieuzeide82.pdf
[1] InternetActu.net est un site francophone de veille sur l’innovation dans le domaine des technologies de l’information et de la communication édité par la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération), une présentation de ce média électronique est accessible en ligne : http://fing.org/?-Internetactu,18-