Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

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Le MOOC « Apprendre et faire apprendre » en quelques chiffres

Pour citer cet article :

Depover Christian, Noël Bernadette, Mélot Lionel, Cambier Jean Bernard, Floquet Cédric, Strebelle Albert (2017). Le MOOC « Apprendre et faire apprendre » en quelques chiffres. Adjectif.net [En ligne] http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article423

Résumé :

Cette contribution vise à présenter les premiers résultats de la session du MOOC « Apprendre et faire apprendre (AFA) » qui s’est déroulée de septembre à décembre 2016. Pour faciliter la communication de ces résultats et assurer la promotion du MOOC AFA dont la prochaine session est programmée à l’automne 2017, une infographie (voir annexe) a été très largement diffusée auprès des personnes qui ont manifesté leur intérêt par rapport à ce MOOC.

Mots clés :

MOOC, Pays francophones, Persévérance

Présentation du MOOC AFA

Le MOOC « Apprendre et faire apprendre », conçu par Christian Depover et Bernadette Noël, est consacré aux modèles d’apprentissage et d’enseignement. Le MOOC AFA a été implémenté sur la plateforme Open EdX par l’équipe du Département des sciences et de la technologie de l’éducation de l’Université de Mons. Il a bénéficié du soutien technique de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) par l’intermédiaire de son Institut de la Francophonie pour l’Ingénierie de la connaissance et la formation à distance (IFIC).

Cette formation est conçue pour intéresser un public très large concerné par l’apprentissage et par la manière de le favoriser dans un cadre scolaire ou académique, mais aussi dans la vie de tous les jours. En outre, ce MOOC pourra servir de ressources pédagogiques dans des contextes où celles-ci sont rares, en particulier en Afrique francophone.

Le MOOC AFA a permis aux participants de découvrir l’apprentissage sous ses différentes formes à travers les principaux modèles qui ont été proposés pour décrire et comprendre comment l’individu acquiert de nouvelles connaissances et de nouveaux savoir-faire. Loin de la vision classique, souvent véhiculée par l’apprentissage scolaire, les apprenants ont ainsi eu l’occasion d’apprécier la très grande diversité des points de vue proposés par les nombreux chercheurs qui se sont efforcés d’analyser comment l’apprentissage se met en place au quotidien, mais aussi comment, dans des contextes très variés, il est possible d’intervenir pour le favoriser.

Le MOOC AFA se déroule selon une programmation en six semaines à laquelle s’ajoute une semaine préparatoire. Chaque semaine, un nouveau module et de nouveaux contenus étaient proposés aux participants :

  • Le module 0 consistait en l’accueil des apprenants, en la présentation et la familiarisation avec l’outil techno pédagogique ;
  • Le module 1 présentait quelques concepts généraux liés à l’apprentissage ainsi que les modèles d’enseignement et d’apprentissage qui seront abordés plus en détail dans la suite de la formation ;
  • Le module 2 développait les idées proposées par les behavioristes et les néo-behavioristes, de l’apprentissage par association à l’enseignement sans erreur ;
  • Le module 3 se concentrait davantage sur le courant cognitiviste en développant tant la psychologie de la forme que le modèle du traitement de l’information ;
  • Le module 4 proposait de cheminer du cognitivisme vers le constructivisme en développant notamment les stratégies cognitives et métacognitives ;
  • Le module 5 était consacré au néo-constructivisme et à l’étude des approches récentes de l’apprentissage ;
  • Le module 6 se centrait davantage sur les modèles d’enseignement tels que la pédagogie de maîtrise ou l’enseignement par imitation.

Le rythme proposé au participant est celui habituellement rencontré dans ce type de formation ; il lui est proposé de prendre connaissance du contenu d’un nouveau module chaque semaine. Soulignons toutefois que l’ouverture d’un nouveau module n’entraine pas la fermeture des anciens ce qui permet à l’apprenant d’accéder, tout au long de la formation, à l’ensemble des contenus mis à sa disposition et de rattraper ainsi le retard éventuel qu’il aurait pu prendre.

Tous les modules sont organisés selon le modèle présenté dans la figure 1 afin de fournir à l’apprenant un milieu d’apprentissage structuré lui permettant une navigation aisée.

Figure 1 : Structure en arborescence des modules

Les modules sont décomposés en unités (de 2 à 3). Chaque unité étant elle-même structurée en plusieurs activités reposant sur le matériel suivant :

  • une capsule vidéo dont la durée pouvait varier de 5 à 14 minutes avec une durée moyenne de 8 minutes ;
  • une transcription écrite de la vidéo accompagnée des diapositives associées ;
  • un test formatif autocorrigé constitué de 4 à 12 questions, le plus souvent sous forme de QCM, destiné à favoriser la mémorisation des concepts abordés dans la vidéo et de permettre également l’auto-évaluation des apprenants puisque chaque question était accompagnée d’un feedback de confirmation ou d’erreur.

A chaque module est associé un matériel d’enrichissement (vidéos, images et textes) ainsi qu’un test formatif de synthèse permettant au participant d’approfondir sa maîtrise des concepts, d’élaborer des comparaisons entre les modèles présentés dans le module, mais également de s’entrainer pour l’évaluation sommative proposée à l’issue du MOOC.

Les échanges entre apprenants, ou avec l’équipe pédagogique, se réalisaient dans le forum intégré à la plateforme hébergeant le MOOC ou via le groupe Facebook (https://www.facebook.com/groups/1270309172981293/?fref=ts) spécifiquement créé, ce qui a permis de favoriser une certaine co-construction du savoir (Lampe, Wohn, Vitak, Ellison & Wash, 2011) et le développement d’un sentiment d’appartenance à une communauté (Mian, 2012) comme en ont témoigné certains apprenants.

Quelques données statistiques à propos du MOOC AFA

Caractéristiques des participants

Nous avons dénombré 4400 participants inscrits à ce dispositif de formation, parmi ceux-ci 71 % se sont connectés au moins une fois à la plateforme.
La parité entre les sexes est assez bien respectée puisque 53,6 % des inscrits étaient des femmes et 46,4 % des hommes. Ces participants étaient issus de 97 pays : 47,5 % de ceux-ci résidaient en Europe, 40,3 % en Afrique tandis que 12,2 % étaient issus d’autres régions du monde (Caraïbe, Amérique, Moyen-Orient…).

Figure 2 : Répartition des participants selon leur origine géographique

Concernant l’activité professionnelle des participants, on observe clairement que les professionnels de l’enseignement constituent de loin le contingent le plus important, vient ensuite le secteur public hors enseignement et seulement, en troisième position, le secteur privé. Un nombre significatif de personnes relevant du statut d’étudiant se sont également inscrites au MOOC.

La répartition du niveau d’études déclaré par les participants lors de leur inscription est la suivante : Doctorat (13 %), Master (47 %), Licence (22 %), Bac +2 (10,5 %), Baccalauréat (6 %), Brevet (1 %), autre (0,5 %). Nous pouvons constater que le public était majoritairement en possession d’un titre provenant de l’enseignement supérieur, ce qui est souvent le cas dans les MOOCs (Hansen & Reich, 2015 ; Emanuel, 2013).

Ces informations relatives aux profils des participants nous permettent de confirmer que le public cible a bien été atteint puisque d’une part, les activités professionnelles des participants sont relativement diversifiées même si un pourcentage important d’entre eux est issu de la fonction enseignante, et d’autre part, 40 % des participants de ce MOOC sont issus d’Afrique, alors que la plupart des MOOC rassemble à peine 5 à 15 % de participants issus de ce continent. En effet, selon Depover, Karsenti et Komis (2017), les pourcentages de participants issus du continent africain sont de l’ordre de 3,6 % pour Coursera, 12 % pour les MOOCs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, et 15 % pour les MOOCs proposés sur la plateforme FUN.

Taux de complétion

Le taux de complétion du MOOC AFA est de 12 % ce qui constitue un taux plus élevé que celui généralement observé (entre 5 % et 10 %) dans les MOOC (McIntyre, 2016 ; Jordan, 2014 ; Reich, 2014). Pour le calcul de ce taux, nous avons adopté une définition assez contraignante en le calculant sur la base du rapport entre le nombre de participants qui ont satisfait les critères permettant d’obtenir le certificat et ceux qui se sont inscrits au MOOC (Jordan, 2014). Pour obtenir le certificat, appelé « attestation de suivi avec réussite », le participant devait réaliser l’ensemble des tests proposés lors de la formation et réussir avec 70 % le test sommatif de synthèse proposé à l’issue du MOOC.

Signalons que si nous prenons en compte uniquement les apprenants qui ont accédé au moins une fois à la formation, le taux de complétion atteint alors 17 %.

Taux de satisfaction

A l’issue du MOOC, les apprenants ont été invités à compléter un questionnaire de satisfaction constitué de sept affirmations pour lesquelles l’apprenant devait valider son accord avec chacune des affirmations sur une échelle de 1 à 100. Le tableau ci-dessous reprend la moyenne des pourcentages d’accord attribués par les apprenants aux sept affirmations proposées.

AffirmationsPourcentages d’accord
La durée des modules et le rythme de travail sont conformes à mes attentes. 86
Les ressources sont utiles et le contenu des modules est pertinent. 90
Les activités proposées facilitent la compréhension du cours. 85
Les évaluations permettent de mesurer ma progression dans ce cours. 89
Les échanges avec l’équipe pédagogique correspondent à mes besoins. 73
Les interactions entre utilisateurs représentent une véritable valeur ajoutée. 69
L’accès à la plateforme est simple, sa prise en main intuitive et la navigation facile. 94
Tableau 1 : Résultats du questionnaire de satisfaction

En guise de conclusion

A l’issue de cette première session du MOOC AFA, nous pouvons considérer que les indicateurs qui ont été traités sont positifs tant en ce qui concerne les résultats sur la persévérance et le taux de réussite qu’en ce qui concerne la manière dont le MOOC a été perçu par les participants. D’autres données viendront par la suite compléter la synthèse présentée dans l’infographie figurant en annexe, en particulier des données plus qualitatives recueillies dans le forum du MOOC ainsi qu’à partir du groupe Facebook associé à ce MOOC.

Annexe : infographie présentant les premiers résultats du MOOC AFA

Références

Depover, C., Karsenti, T., & Komis (2017). Pour comprendre les MOOCs : nature, enjeux et perspectives. A paraître.

Emanuel, E. J. (2013). Online education : MOOCs taken by educated few. Nature, 503(7476). doi : 10.1038/503342a

Hansen, J. D., & Reich, J. (2015). Democratizing education ? Examining access and usage patterns in massive open online courses. Science, 350(6265), 1245-1248. doi : 10.1126/science.aab3782.

Jordan, K. (2014). Initial Trends in Enrolment and Completion of Massive Open Online Courses. The International Review of research in Open and distance Learning, 15 (1), p. 133-159.

Lampe, C., Wohn, D.Y., Vitak, J., Ellison, N.B., & Wash, R. (2011). Student Use of Facebook for Organizing Collaborative Classroom Activities. International Journal of Computer-Supported Collaborative Learning, 6 (3), p. 329-347. doi:10.1007/s11412-011-9115-y.

McIntyre, C. (2016). UK MOOC Report 2016 : An insight into MOOCs provided by UK institutions. MOOCLab.Club.

Mian, A., (2012). Usages de Facebook pour l’apprentissage par des étudiants de l’Institut Universitaire d’Abidjan (IUA). Adjectif.net. En ligne http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article142, consulté le 18 novembre 2016.

Reich, J. (2014). MOOC completion and retention in the context of student intent. EDUCAUSE Review. En ligne : http://er.educause.edu/articles/2014/12/mooc-completionand-retention-in-the-context-of-student-intent, consulté le 31 janvier 2017.

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