Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

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Questions pour l’utilisation du clip vidéo en classe de langue

mercredi 10 juillet 2013 Ludovic Gourvennec

Pour citer cet article :

Gourvennec Ludovic (2013). Questions pour l’utilisation du clip vidéo en classe de langue. Adjectif.net Mis en ligne mercredi 10 juillet 2013 [En ligne] http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article244

Résumé :

Cet article propose une réflexion, ancrée sur une expérience d’enseignement du Français Langue Étrangère, au sujet des caractéristiques génériques du clip vidéo considéré comme média d’apprentissage. Il expose certaines suggestions pour que les activités de classe prennent mieux en compte ces caractéristiques fondamentales.

Mots clés :

Analyse de discours, Apprentissage des langues, Clip vidéo, Enseignement des langues

Par Ludovic Gourvennec

Introduction

Document authentique abondamment utilisé en didactique des langues, le clip vidéo se définit génériquement par sa visée commerciale : il a pour objectif de diffuser et de valoriser l’image de l’artiste, de faire connaître son œuvre pour en développer la vente. D’où des enjeux commerciaux considérables. Cette caractéristique n’est pas secondaire ou facultative : elle est essentielle et ne peut être occultée. Ainsi, envisagé comme un genre de discours spécifique, le clip vidéo constitue un objet culturel aux caractéristiques internes inclus dans un contexte qui agit sur lui :
« Les discours en général et les discours médiatiques en particulier sont des pratiques discursives qu’il faut étudier dans leur dimension communicationnelle-discursive, d’une part, et dans leur dimension textuelle, plus purement linguistique, d’autre part » (Adam, 1997 : 15).

Or, si elle est évoquée dans les notes d’intention théoriques, la visée spécifique du clip vidéo n’apparaît que très peu dans les exploitations méthodologiques effectives, et la compétence générique (liée à la réception/ compréhension/ interprétation d’un clip vidéo) est comme occultée. Cet article se propose donc d’envisager comment les activités de classe peuvent prendre en compte et permettre de développer effectivement cette compétence générique essentielle.

Constats sur les insuffisances de l’exploitation des clips vidéo

La diffusion de clips vidéo à visée pédagogique bénéficie actuellement de moyens importants mis en œuvre essentiellement par le Ministère français des Affaires Étrangères et Européennes (MAEE), en collaboration d’une part avec TV5 (le programme « Paroles de clips » (PdC)), d’autre part avec MCM (le programme « Des clips pour apprendre » (CpA) et enfin avec le Centre d’Approches Vivantes des Langues et des Médias de Vichy (CAVILAM) qui assure l’élaboration des fiches pédagogiques. L’ampleur de ces programmes, la fréquence de la production, l’amplitude de leur diffusion (les postes culturels des ambassades de France sont chargés de les transmettre aux enseignants de français des pays concernés) et l’attrait indéniable du vecteur médiatique (les données sont disponibles facilement sur le site des opérateurs) font de ces deux projets des vecteurs phares de la diffusion d’un aspect culturel français à l’étranger.

Pourtant, les productions éditoriales (présentation théorique et fiches d’exploitation) concernant le clip vidéo révèlent un certain nombre d’insuffisances, comme le montre l’analyse des documents élaborés par le CAVILAM.

Le cadrage théorique : une perspective très formelle

Les programmes mentionnés ci-dessus sont introduits par un document datant de 1998 (« Des clips pour apprendre ») et peu réactualisé depuis cette époque. Les formulations générales sont caractérisées par une certaine évidence (« La bande-son constitue le continuum du document, le visuel par contre se compose d’une succession de plans très courts qui changent à chaque ponctuation musicale »), et la typologie proposée paraît réductrice (trois catégories de clips : les clips montrant l’artiste en train de chanter dans son univers habituel ; les clips montrant l’artiste en train de chanter devant « des objets, des dessins, des animations, des paysages plus ou moins réalistes ou fantastiques » (!) ; les clips dont les images et le scénario illustrent le texte de la chanson).

Néanmoins, plusieurs aspects pertinents définissant le clip vidéo sont proposés :

  • sa durée (« le clip est en général un document de courte durée entre 3 et 5 minutes ») ;
  • son rapport étroit avec le cinéma (« les images utilisent tous les moyens techniques du film », la création fréquente d’un scénario) ;
  • le lien avec la chanson originale version studio (« la bande-son est habituellement identique à la chanson originale. Elle comporte parfois des bruitages complémentaires. ») ;
  • l’interaction images/ paroles (« suivant les cas, le contenu du clip et les paroles de la chanson sont plus ou moins proches », « le mouvement des lèvres et la gestuelle coïncident avec le texte ou sont volontairement en décalage », « les relations entre le contenu du texte de la chanson et les images du clip peuvent être redondantes, complémentaires ou difficilement perceptibles ») (1998 : 30).

Mais tous ces éléments sont en réalité essentiellement d’ordre formel et/ ou compositionnel. Les deux seules références à l’essence pragmatique du clip vidéo, et donc à sa spécificité générique en termes de fonction sociale et commerciale, sont les suivantes :
 « Assurer la promotion commerciale d’une chanson passe obligatoirement par la production et la diffusion de clips »
 « Il s’adresse en priorité à un jeune public. » (1998 : 30)
L’essentiel de ce genre de discours est donc comme relégué à l’arrière-plan et, concrètement, les activités de classe en tiennent peu compte.

Les activités de classe : des options réductrices

La tendance observée dans une majorité de fiches est alors d’utiliser le clip vidéo pour viser essentiellement des compétences linguistiques, en s’appuyant sur une lecture/ inventaire du contenu des images. On retrouve cela dans la rubrique observation : « choisir un clip et proposer aux participants de faire l’inventaire de ses constituants. Confier des tâches différentes à des sous-groupes. Exemples de tâches à accomplir : notez tous les lieux du clip ; faites l’inventaire des personnages ; notez la suite d’actions… » (1998 : 31). Cette étape n’est évidemment pas inutile, mais elle devrait être reliée à la fonction générique du clip (ce qui n’apparaît presque jamais).

Par contre, alors que le cadrage théorique évoque la capacité à lire l’image et donc, le développement potentiel d’une compétence de savoir-être (« Exploiter des clips vidéo en classe participe également d’une éducation aux médias. »), l’analyse du contenu des fiches d’exploitation des clips vidéo révèle très peu d’activités de classe traitant effectivement ce point.
La lecture des images animées est comme occultée (ou sous-entendue et comme allant de soi). Ainsi, le tableau synthétique des objectifs visés par l’exploitation des 14 clips sélectionnés dans PdC n°10 (2006) ne fait apparaître explicitement qu’un objectif de ce type ; à propos de la chanson de J.-L. Aubert « Parle-moi », on trouve dans la rubrique expression orale : « expliquez le message délivré dans les images et le sens des paroles d’une chanson » (2006 : 9). Une recherche méticuleuse dans les fiches figurant sur le site de TV5 permettrait sans doute de trouver quelques éléments positifs à ce sujet (comme pour la chanson « Alors on danse » de Stromae (2010), dont la fiche mentionne pertinemment un objectif d’« éducation aux médias : s’intéresser au rôle des procédés techniques du clip »), mais la tendance est malheureusement peu répandue et pas actée comme déterminante, et surtout, elle n’est pas systématisée.

Ainsi, comme le montre par exemple la fiche de la chanson « Lequel de nous » de Patrick Bruel (2013), l’entrée principale est thématique (la relation amoureuse, la rupture), les objectifs d’exploitation proposés sont essentiellement communicatifs [1] (exprimer les émotions ressenties, jouer une saynète), linguistiques (réviser le futur simple) et éventuellement culturels (prendre conscience de la différence des codes culturels de rupture) mais pas générique puisque l’image de l’artiste, pourtant présent de façon conséquente dans le clip vidéo, n’est pas du tout traitée.

Or, si, comme on le proclame, le clip est, par essence, commercial, son exploitation en classe devrait avoir pour objectif supérieur et englobant l’analyse de la façon dont l’image de l’artiste est valorisée (l’absence de l’artiste dans le clip n’étant pas rédhibitoire à cette étude), la façon dont des valeurs ou messages sont véhiculés, ou la façon dont le spectateur est considéré, les autres objectifs et compétences (linguistiques, lecture de l’image, production écrite, etc.) n’étant pas une fin, mais contribuant à alimenter cette analyse.

Il faudrait donc (re)placer le genre au centre du dispositif méthodologique.

De ce point de vue, il est d’ailleurs étonnant que les clips vidéo sélectionnés pour répondre à une visée pédagogique soient souvent sous-titrés : non seulement on supprime de ce fait les activités importantes de compréhension orale, mais on dénature la caractéristique socioculturelle du support (on ne voit jamais à la télévision un clip en français sous-titré en français). Enfin, les clips vidéo mis en ligne sur le site de TV5 sont souvent réduits à un extrait d’une trentaine de secondes, ce qui limite leur exploitation et leur cohérence d’ensemble.

Le clip vidéo comme genre spécifique

Typologie de clips vidéo

L’approche de ce support a donné lieu, historiquement, à des tentatives de classification typologique des clips vidéo. La plus intéressante me paraît être celle d’Andréa Oberhuber qui choisit de traiter « l’aspect communicatif du clip et l’étude de ses réalisations esthétiques » en élaborant un modèle d’analyse « basé sur l’application des principes de la sémiologie de la communication ». Elle considère donc trois fonctions de la communication qu’elle distingue « selon la signification transmise par les images » (1995 : 265), précisant bien que ces trois fonctions peuvent parfois se combiner dans un même clip.

La première est la « fonction expressive : portrait et autoportrait (interprète-images) ». Ici, le clip se focalise sur l’interprète et tente de créer une image de celui-ci : « le clip devient l’instrument de communication d’un moi qui s’exprime ». L’exemple choisi est « On the Road again » de Bernard Lavilliers (1988).

La seconde est la « fonction référentielle (paroles-images) », elle pose donc la question du rapport de concordance ou de dissonance qui existe entre les paroles de la chanson et les images associées. A. Oberhuber remarque judicieusement le risque d’une part, du manque d’originalité lié à la redondance (et son analyse comparative paroles-images dans le clip « C’est zéro » de Julie Masse (1990) est à ce sujet éloquente) et d’autre part, du recours aux clichés.

La troisième est la « fonction auto-référentielle (musique-images) » selon laquelle « le clip est un mime, voire un simulacre, de l’acte de chanter et/ ou de faire de la musique. Les clips reprennent d’ailleurs souvent une situation de concert.

Contrairement à la chanson version studio, il n’existe pas de sous-genres de clips référencés (du type « clip d’amour » ou « clip de chanson d’amour »). Une qualification possible serait d’ordre formel (« clip en dessin animé » ou « clip sans l’artiste », etc.), mais, plus vraisemblablement, la tendance est d’associer le clip à la chanson interprétée qui lui correspond (le clip de « Y’a une fille qui habite chez moi ») ou à l’artiste (le dernier clip de Bénabar). Cela pose donc un problème qui est lié d’une part à la définition des critères à adopter et, d’autre part, à l’extrême diversité des clips produits aujourd’hui, et donc à une certaine impossibilité de nommer clairement les catégories. Ce constat permet ainsi de proposer une nouvelle option de classification et de situer le clip vidéo par son mode de centration, en établissant le curseur sur une ligne allant de la chanson à l’artiste :

▪ Le clip vidéo peut être centré essentiellement sur la chanson (illustratif)
▪ Le clip vidéo peut être centré essentiellement sur l’artiste (aucun rapport avec la chanson)
▪ Le clip vidéo peut enfin mixer les deux orientations (de façon extrêmement variable)

Si cette centration s’effectue sur la chanson, il est alors important de solliciter et d’aborder la version studio (avant ou après l’exploitation du clip). Cependant, si le clip vidéo constitue un prolongement de la chanson version studio dont il développe le sens, mieux vaut l’étudier après. Si la centration concerne strictement l’artiste, utiliser la chanson s’avère moins pertinent (sauf à montrer que les images pourraient convenir à n’importe quel autre texte). Dans tous les cas, une phase de synthèse (à portée pragmatique, donc générique) doit permettre de mesurer comment l’image de l’artiste est valorisée.

Caractéristiques génériques du clip vidéo

Voici quatre paramètres dont il serait souhaitable de tenir compte prioritairement et systématiquement dans l’analyse préalable puis dans l’exploitation d’un clip vidéo.

1- LA COMPOSITION SYSTÉMIQUE INTERNE :
le clip étant, selon la belle formule de Michel Chion, un multimédia « audio-logo-visuel » (2005), le système interne articule quatre composantes interreliées que sont le texte (paroles), la mise en musique (instruments), l’interprétation (voix, mélodie) et les images animées. L’étude de ce rapport doit être fondamentalement orientée vers l’avènement du sens créé par cette interaction essentielle.

2- LA VISÉE (PRAGMATIQUE) :
le clip vidéo se définit par sa visée commerciale (destinée à valoriser l’image de l’artiste) mais on peut ensuite distinguer des modalités variables de réalisation de cette visée, comme autant d’objectifs secondaires – mais pas négligeables (provoquer, surprendre, critiquer, faire rire, etc.).

3- LA LECTURE DE L’IMAGE :
le clip vidéo constitue un acte créatif artistique pour l’analyse duquel la compétence à lire et analyser l’image est primordiale (longueur des plans, mouvement de caméra (travellings ou fixe, plongée ou contre-plongée, etc.), cadrage (plans larges, gros plans, valorisation des visages ou des contextes), montage (fondus au noir, fondus enchaînés), effets particuliers (flou, saturation de couleurs), etc.). Mais ces éléments d’étude technique devraient être au service de l’analyse des cinq paramètres suivants.

a)-L’esthétique :
sous quelle forme esthétique générale se présente le clip vidéo : un film, un film d’animation, un montage photo, etc. ? Une combinaison de ces options peut avoir été choisie (incrustation de dessins animés dans un film, par exemple). Le clip vidéo peut également alterner images filmées créées et images d’archives.

b)-Le contenu  :
son analyse conduit à relever les éléments constitutifs présentés par les images (lieux, objets, personnages divers, etc.) en se demandant s’ils sont facilement identifiables ou connotés (une île exotique, un monument historique, un style vestimentaire, etc.). La démarche consiste naturellement à définir la (les) thématique(s) principale(s), les éléments qui la (les) déterminent, éventuellement le discours dominant (narratif, argumentatif… ou, par exemple, un récit pour argumenter), le registre choisi (réaliste, pathétique, fantastique, polémique, etc.), le point de vue (externe, selon un personnage, etc.), la structure générale (chronologie, ellipse, répétition (retour de mêmes plans), début et fin, etc.) ainsi que le degré de recours au cliché.
Mais un second aspect est fondamental : le rapport que le clip instaure avec la réalité. En effet, certains relèvent clairement de la fiction (représentation d’une histoire, narration effective – de type cinématographique), d’autres sont ancrés dans la réalité identifiable (un studio d’enregistrement, l’artiste sur une scène ou dans la rue).

c)-L’interaction des images et des paroles :
ce paramètre pose le problème du degré d’adéquation sémantique entre les paroles interprétées et les images qui les accompagnent. Ce phénomène d’illustration peut d’ailleurs être ponctuel ou constant (il concerne un seul passage de la chanson ou l’ensemble), récurrent ou unique (la même image revient par exemple à chaque occurrence du refrain, ou bien une seule fois).
La question fondamentale est la suivante : d’une manière générale, le clip vidéo développe-t-il le sens de la chanson ? – Et si oui, à quel niveau et comment ?

d)-L’intertextualité :
celle-ci peut prendre des formes très variées, de la référence explicite (l’insertion d’un extrait de film dans le clip vidéo) à l’allusion plus subtile.

e)-L’éthique :
l’impact des images constitue l’atout commercial fondamental du clip vidéo. C’est pourquoi il paraît fondamental d’y repérer les valeurs ou connotations dominantes qu’il transmet et les messages éventuels, explicites ou non, qu’il véhicule.

4- L’IMAGE DE L’ARTISTE ET L’EFFET PRODUIT SUR LE SPECTATEUR :
Les trois paramètres qui précèdent devraient se combiner et se compléter pour conduire à définir synthétiquement l’image de l’artiste que le clip vidéo élabore et transmet.

Il convient ici de se demander si le ou les artistes apparaissent physiquement dans le clip : si oui, comment ils sont représentés (vêtements, attitude, fréquence de la présence, etc.), s’ils chantent, s’ils ont leur instrument, s’ils sont montrés en configuration concert ou dans un lieu différent, s’ils sont des personnes (artistes) ou des personnages (fictifs) ; si non, s’ils sont quand même évoqués d’une façon ou d’une autre et comment.
Enfin, toute analyse de clip vidéo devrait étudier quelle place est dévolue au spectateur du clip : s’adresse-t-on à lui directement (gestes, énonciation particulière, regards…) ou est-il coupé de la scène proposée (comme dans un film au cinéma) ? Les deux options peuvent être mêlées. Ce rapport entre le statut de l’artiste élaboré dans le clip vidéo et celui du spectateur construit par le réalisateur (le producteur, etc.) paraît essentiel.

Suggestions pour l’exploitation du clip vidéo

Préalable

Il devrait donc s’agir de placer réellement le genre au centre du dispositif d’exploitation, en faisant de la visée le point centralisateur des activités (au risque de traiter le clip vidéo comme n’importe quel autre support audiovisuel). L’analyse des caractéristiques internes du clip vidéo (réalisée de façon souvent efficace dans les fiches) devrait absolument constituer, non une fin pédagogique, mais un vecteur pour interpréter l’essentielle fonction socioculturelle et commerciale du clip vidéo. De ce point de vue, la compétence à lire l’image (qui s’inscrit dans l’éducation aux médias) devient une compétence transversale.

Un problème se pose cependant : le niveau de maîtrise linguistique des apprenants. Il est évident que l’étude des enjeux et caractéristiques génériques du support audiovisuel nécessite un bagage lexical minimum – mais on peut prévoir une analyse plus ou moins approfondie en fonction de la maîtrise linguistique des apprenants.

Processus en différentes étapes

La prise en compte de la compétence générique peut se faire aux différentes étapes suivantes.

Définir les objectifs :
ils sont à identifier parmi le savoir (culture générale, connaissances socioculturelles, sensibilité interculturelle), les compétences communicatives langagières (linguistiques, sociolinguistique, en veillant à ce que l’exploitation fasse en sorte que les éléments linguistiques ne soient pas traités dans une forme d’absolu coupé du sens global du document) et, surtout, la compétence générique (en distinguant la compétence transversale d’analyse (plutôt objective) des images, et la compétence interprétative des valeurs transmises et des objectifs promotionnels visés par le clip vidéo étudié).

Contextualiser le clip vidéo  :
cette étape concerne la situation de la chanson version studio (l’artiste, le contexte particulier de sa sortie, l’album, la notoriété ou pas de l’interprète, etc.) et celle du clip vidéo (son réalisateur, les éventuels invités y apparaissant, un élément du contexte de diffusion, la fréquence de son passage à la télévision, etc.).

Analyser le clip vidéo  :
en s’appuyant sur les éléments précédemment abordés : contenu du clip, forme des images, rapport images/paroles/son (et donc le degré de centration sur la chanson), fonctions essentielles et image de l’artiste véhiculée.

Intégrer les supports annexes :
par exemple les photos (images fixes) de l’artiste, le site internet ou les articles, autant d’éléments utiles à la contextualisation et propices à une diversification des activités de classe.

Déterminer l’ordre procédural :
faut-il exploiter le clip vidéo seul ou en lien avec la version originale studio ? Dans ce dernier cas, on peut soit commencer par la chanson interprétée et utiliser ensuite le clip vidéo (avec alors des activités de transition de formulation d’hypothèses), soit commencer par le clip vidéo et aller ensuite à la découverte de la chanson interprétée. Cette dernière option concerne quasiment toutes les exploitations proposées par le CAVILAM dans PdC n°10 : une mise en route est suivie d’activités avec le clip, puis d’activités avec les paroles. La pertinence systématique de cette démarche est-elle efficace ?

Construire une séquence didactique :
le processus standard peut fonctionner dans l’approche communicative (activité préalable, découverte du clip, activités de compréhension/analyse, activités langagières, production, prolongement), et les fiches contiennent énormément de bonnes idées d’activités, mais l’enjeu est vraiment que la séquence soit orientée vers l’acquisition de la compétence générique.

Conclusion

Le clip vidéo s’inscrit donc dans une problématique pluridimensionnelle d’ordre générique (le rapport entre la chanson et sa mise en images), artistique (le rapport entre la réalité et la représentation imagée, par exemple), technique (comment est-il « fait » ?), éthique et idéologique (puisqu’il conduit à véhiculer l’image d’un artiste, des valeurs, un message, etc.), et pragmatique (il établit un rapport particulier au spectateur).
Son exploitation en classe devrait nécessairement considérer ce support pour ce qu’il est réellement (une arme commerciale bien qu’artistique) et non simplement comme un simple divertissement plaisant (ce qu’il peut évidemment aussi être…), propice à égayer le cours ou à le rendre plus motivant (ce qui peut évidemment aussi être le cas…).

Références bibliographiques

ADAM, Jean-Michel, Les textes types et prototypes, Nathan, Paris, 1997, réédité chez Armand Colin en 2005.

CHION, Michel, L’audio-vision - Son et image au cinéma, Coll. « Cinéma », Armand Colin, Paris, 2005, [deuxième édition].

OBERHUBER, Andrea, « La génération clip : de l’explosion de l’image au temps des médias » in Mathis, U. : La chanson française contemporaine. Politique, société, médias. Actes du symposium du 12 au 16 juillet 1993 à l’Université d’Innsbruck. (1995) Innsbruck, pages 263-271.

« Des clips pour apprendre » : programmes de diffusion de clips élaborés par le Cavilam en collaboration avec le Ministère des Affaires étrangères.

« Paroles de clips » : programmes de diffusion de clips élaborés par TV5 Monde et le CAVILAM.

Article version PDF

[1Il faut d’ailleurs noter que les fiches s’ancrent exclusivement dans l’approche communicative et pas du tout dans la perspective actionnelle, pour la mise en œuvre de laquelle l’utilisation de la chanson et du clip vidéo s’avère pourtant fructueuse.


 

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