Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

Barre oblique

Appel à contribution pour un numéro thématique de la revue Carrefours de l’éducation

Apprentissage collectif et environnement virtuel : dispositifs et pratiques
samedi 11 juillet 2015 Cathia Papi

Dossier coordonné par Cathia Papi, Professeure à la Téluq (Canada) et membre du Laboratoire CURAPP-ESS (CNRS, UMR 7319), Université de Picardie Jule verne (France)

Pour toute proposition, veuillez envoyer un résumé de 3000 signes (espaces et références bibliographiques non comptées) à cpapi@teluq.ca avant le 25 Août 2015.

Apprentissage collectif et environnement virtuel : dispositifs et pratiques

Argumentaire

L’idée selon laquelle l’interaction favoriserait l’apprentissage n’est pas nouvelle et a fait l’objet de différentes approches théoriques et mises en pratiques. Il est généralement considéré que la conceptualisation de l’apprentissage en groupe remonte aux travaux de l’école de Genève, avec comme figure de proue Piaget, et à la psychologie américaine avec, comme principal représentant, Vygotski (Baudrit, 2007). Dans la première perspective, l’apprentissage résulte effectivement de la confrontation des représentations et opinions divergentes entre des partenaires égaux, confrontation favorisant l’émergence d’un conflit sociocognitif spontané impliquant une transformation. Selon la seconde approche, loin de l’autonomie et de l’égalité, l’interaction a lieu entre deux personnes de niveau de connaissances ou compétences distincts conformément à l’idée de zone proximale de développement : l’élève peut dépasser ses limites et progresser grâce à la tutelle de l’enseignant. Cependant, ce dernier ne doit pas instruire l’apprenant mais faire preuve de subtilité pédagogique pour le faire cheminer en lui laissant une certaine liberté. Les successeurs de Vygotski ont élargi les bienfaits de cette interaction à celle pouvant avoir lieu entre pairs travaillant et progressant ensemble, ce qui n’implique pas forcément de conflit sociocognitif mais plutôt une entente pour mener à bien une activité commune.

Dans les deux cas, il s’agit cependant de faire en sorte qu’un apprentissage résulte de l’activité et de l’échange, ce que soutient également, depuis quelques années, le connectivisme. Partant du constat que l’informatique et les réseaux sociaux sont devenus des éléments de notre quotidien, permettant l’accès à de très nombreuses sources d’information et entrainant l’évolution de nos façons de communiquer et d’apprendre, Siemens (2005) et Downes (2007) considèrent effectivement que le savoir est distribué par les connexions et que l’apprentissage est la capacité de création de telles connexions et d’échanges d’information à travers elles. Dans cette troisième approche, l’apprentissage se réalise aussi bien par les réseaux neuronaux que conceptuels ou les réseaux sociaux. Loin d’être une chose susceptible d’être acquise la connaissance réside alors dans le développement d’ensembles de connexions et n’implique pas uniquement l’activité cognitive mais inclus également les émotions et croyances.

Il semble ainsi que la coopération, généralement considérée comme procédant d’une répartition du travail puis d’un rassemblement des éléments, tout comme la collaboration davantage appréhendée comme un processus de construction commune (Dillenbourg, 1999 ; Baron et Bruillard, 2009), ne sont pas seulement susceptibles de favoriser l’apprentissage des enfants mais aussi celui des adultes si tant est qu’elles soient mises en œuvre dans un contexte opportun et de manière appropriée. Faire reposer l’apprentissage sur l’interaction peut offrir de nombreux avantages (Walckiers et De Praetere, 2004) et les technologies numériques facilitent de telles orientations (Thibert, 2009). Cependant, l’élaboration de situations d’apprentissage collectif implique effectivement de faire différents choix en termes d’activité pédagogique, de composition des groupes, d’accompagnement, de ressources et d’outils mis à disposition.

Depuis une quinzaine d’années Les compétences relatives au travail en groupe sont fortement valorisées dans les milieux professionnels et scolaires (en France, on les retrouve notamment aux divers degrés des B2i et C2i) et le développement des réseaux facilite la diversification des situations d’apprentissage. Mais de quelle conception de l’apprentissage instrumenté part-on pour identifier les compétences afférentes ? Quels sont les défis soulevés par la coopération et/ou la collaboration et comment les relever ? Quels sont les rôles, pratiques et représentations des apprenants et des enseignants, formateurs, tuteurs ou modérateurs ? Entre mutualité et réciprocité quels liens se tissent entre les pairs ou avec les éventuels intervenants ? Quels sont les avantages et limites des dispositifs technopédagogiques mis en œuvre à des fins d’apprentissage collectif ? Dans quelles mesures les environnements numériques influencent-ils les échanges dont ils sont le lieu ? Quels sont les bénéfices et les risques de tels échanges sur la construction de points de vue originaux et personnels ?

Alors que les pratiques et recherches sur l’apprentissage coopératif ou collaboratif en ligne sont nombreuses, il semble qu’en dehors du champ spécifique de l’étude des communautés en ligne, aucun ouvrage en langue française centré sur ce sujet ne soit paru depuis celui de Henri et Lundgren-Cayrol en 2001. Or, depuis une dizaine d’années, de nouvelles conceptions et technologies se sont diffusées, divers dispositifs et pratiques se sont développés. D’où cet appel à contribution visant à réunir dans un même numéro des recherches portant sur l’apprentissage coopératif ou collaboratif impliquant l’usage des TIC en classe ou à distance dans des situations d’éducation ou de formation formelle, informelle ou non-formelle.

Les propositions de contribution pourront traiter de différentes problématiques relatives à l’apprentissage collectif tout ou partiellement en ligne. Parmi les approches attendues se trouvent notamment la présentation et l’approche critique des théories portant sur l’apprentissage en groupe ou en communauté en présence comme en ligne, l’analyse de dispositifs technopédagogiques, de pratiques instrumentées et de représentations ainsi que leur résultats en termes non seulement d’apprentissage mais aussi d’affiliation institutionnelle et de persistance dans les études. Enfin, l’identification de la nature des interactions et des types de soutiens à l’œuvre de même que l’étude des échanges et ressentis des acteurs seraient pertinentes.

Le dossier réunira les 6 à 7 articles jugés les plus pertinents. Les contributions ne devront pas excéder 35 000 signes espaces compris et respecter les normes bibliographiques indiquées sur le site de la revue. S’agissant d’une revue généraliste dans le champ de l’éducation, les textes devront être rédigés dans un langage accessible aux lecteurs non spécialistes du domaine.

Références citées

Baudrit, A. (2007). L’apprentissage collaboratif. Plus qu’une méthode collective ? Bruxelles : De Boeck.

Bruillard, É., & Baron, G.-L. (2009). Travail et apprentissage collaboratifs dans l’enseignement supérieur : opinions, réalités et perspectives. Quaderni, 69(2), 105.

Dillenbourg, P. (1999). What do you mean by collaborative learning ? Collaborative-learning : Cognitive and Computational Approaches., 1-19.

Downes, S. (2007b). What connectivism is.Half an hour, http://halfanhour.blogspot.ca/2007/02/what-connectivism-is.html

Henri, F., & Lundgren-Cayrol, K. (2001). Apprentissage collaboratif à distance. Pour comprendre et conveoir les environnements d’apprentissage virtuels. Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec.

Siemens, G. (2005). Connectivism : A learning theory for the digital age. International journal of instructional technology and distance learning, 2(1), 3-10.

Thibert, R. (2009). Quelles pratiques collaboratives à l’heure des TIC. Dossier d’actualité de la veille scientifique et technologique (VST), mars 2009, 43.

Walckiers, M., & De Praetere, T. (2004). L’apprentissage collaboratif en ligne, huit avantages qui en font un must. Distances et savoirs, 2(1), 53-75.

Pour toute proposition, veuillez envoyer un résumé de 3000 signes (espaces et références bibliographiques non comptées) à cpapi@teluq.ca avant le 25 Août 2015.


 

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